De l'écrin de la houblonnière

De l'écrin de la houblonnière Cairn Terrier

Cairn Terrier

origine de la race

Le Cairn Terrier est pour la grande majorité des spécialistes le type originel.

Son nom lui vient du mot gaélique "cairn", qui désigne les monticules de terre, qu'il s'agisse d'éboulis naturels ou de pierres édifiées pour indiquer un passage en montagne ou borner une propriété. Les "vrais" cairns, cependant, sont beaucoup plus anciens: dès l'âge du Bronze ils sont intimement liés à l'univers des peuples celtes qui les considéraient comme les résidences des dieux. Peu avant l'ère chrétienne, lorsqu'elles furent arrêtées par les Pictes dans leur conquête de la future Ecosse, les légions romaines édifièrent à leur tour des tertres, faits de terre et de pierres, pour enterrer leurs morts.


La tradition voulut ensuite que le voyageur qui passait à proximité de ces monticules dût y déposer une pierre afin de se concilier les bonnes grâces des disparus. Avec le temps, les tertres furent progressivement abandonnés, oubliés même. Ils étaient recouverts d'épais ronciers et de buissons impénétrables, mais n'offraient pas moins, pour les renards, les blaireaux ou tout autres animaux un refuge inexpugnable. Vraiment inexpugnable? Pour la plupart des chiens, oui. Mais non pour ceux de petite taille, aux courtes pattes, qui étaient parfaitement protégés par une fourrure hirsute et qui, tout naturellement, prirent le nom de leur territoire d'élection.


Vraisemblablement répandus tout d'abord dans l'île de Skye, ces chiens furent mentionnés dans la seconde moitié du XVIe siècle par John Keys puis par Georges de Tuberville, qui les décrivirent comme des sujets à poil rude, poursuivant le gibier jusque sous terre.
Ce n'est qu'au XVIIe siècle que l'on retrouve trace de ces chiens. En 1660, le roi d'Ecosse Jacques VI (roi d'Angleterre sous le nom de Jacques 1er) offrit quelques couples à la robe blanche (des White Doggies) à la cour de France, dont il était proche par sa mère Marie Stuart, tandis que les MacLEOD, du clan des Drynoch habitant l'île de Skye, possédaient leurs propres lignées, d'ailleurs fort réputées. Deux siècles plus tard, en 1840, Martin MacLEOD, qui quittait l'île de Skye pour émigrer au Canada, emmena avec lui sa meute de Cairns qu'il fit connaître outre Atlantique.


Beaucoup de ce qu'on connaît de l'histoire du Cairn se concentre sur l'île de Skye, la même chose que chez le Skye Terrier. Effectivement les deux races prétendent que les racines commencent chez les mêmes familles, en effet DRYNOCH, ROSENAETH, MOGSTADS et CAMUSENARY. Ce sont tous des clans où on peut retrouver ces deux races. ROSENEATH est connu chez le West Highland White, ceux- ci ont souvent été croisés avec les Poltallochs de la famille MALCOLM. Les Poltallochs étaient en réalité des Cairns blancs ou de couleur crème qui furent reconnus après comme les West Highland White Terriers. Il semble que certaines familles préféraient certaines couleurs. Ainsi les MacDONALD de Waternish préféraient du gris foncé et les bringés. Les MacLEODS de Drynoch préféraient le gris argenté, pendant que les MACINNONS de Kilbride avaient toutes les couleurs allant de la couleur beige jusqu'à rouge en allant presque jusqu'au noir.


A l'évidence, le Cairn Terrier fut donc l'apanage des grandes familles d'Ecosse, depuis celle des ducs d'ARGYLL jusqu'à celle du clan Mac DONALD.
Au XIXe siècle, ce chien devint beaucoup plus populaire, puisqu'il fut, entre 1875 et 1883 la mascotte de l'équipe de cricket d'Aberdeen.
Ce chasseur acharné de blaireaux et de renards dans les Highlands excellait aussi dans la poursuite de la loutre, et, dans les maisons, il était destructeur attitré des rats, souris, belettes et des putois, à telle enseigne que le cynophile F.T. Barton écrivit qu'il était le "plus anciens des 'vermin killers'".
En 1860, ce chien fut présenté pour la première fois à l'exposition d'Inverness sous le nom de "Skye Terrier à poil court", dénomination qui avait été choisi en raison de son île d'origine où l'on trouvait fort logiquement les sujets les plus typiques. Toutefois, déjà, avant cette datte, un autre Terrier originaire de l'île de Skye avait acquis une solide réputation, notamment grâce à son poil soyeux et long, qui avait attiré l'attention de la reine Victoria elle-même, laquelle avait décidé, à partir de 1842, de pratiquer l'élevage de ce chien.


Le Cairn Terrier ne pouvait donc pas acquérir un statut de race sous le nom de Skye Terrier, en dépit d'une mention distinctive sur la nature de son poil. De plus, le Kennel Club ne voulait à aucun prix entendre parler d'un Terrier de travail venant de l'île de Skye et dénommé Cairn Terrier, appellation que les brillants responsables cynophiles jugeaient par trop imprécise.
Pris entre le Kennel Club et les partisans du Skye Terrier, les fervents du Cairn durent polémiquer un demi-siècle pour que ce chien reçoive enfin le droit de porter officiellement son nom traditionnel. En 1910, le Kennel Club consentit enfin, sous la pression de deux éleveuses de renom - Mrs Alistair Campbell et Mrs Mary C. Hawke -, à le nommer officiellement "cairn". Le 27 mai 1912, le comité du Kennel Club décidait de lui ouvrir son livre généalogique: le premier sujet à y figurer répondait au nom de NISBET et appartenait au Major Ewing. Mrs Campbell et Mrs Hawke firent encore campagne pour que cessent les croisements entre les différentes couleurs du Cairn et les blancs (futur westie). Le Kennel Club trancha, refusant d'inscrire les chiots issus de ces "mariages mixtes" à compter du 31 décembre 1924. Le succès populaire du Cairn Terrier n'en fut pas pour cela immédiat, puisqu'en 1922 (dix ans après sa reconnaissance) 141 sujets seulement avaient été enregistrés au Kennel Club.


On a souvent dit que le Cairn Terrier était plus ou moins apparenté au Terrier Ecossais (Scottish Terrier), au West Highland White Terrier, et même au Dandie Dimmont Terrier. Rappelons d'ailleurs à ce sujet que Thomas Bell, écrivit en 1837 dans l'ouvrage "History of British Quadrupels" qu'il n'existait que deux types de Terriers: l'un au poil court et lisse, avec une silhouette assez fine, une robe noir et feu ou blanche; l'autre au poil hirsute de teintes variées et aux membres courts et solides. C'est ce second chien, proche du Cairn Terrier, qui devint, par suite de sélections appropriées, le Terrier Ecossais (issu d'un croisement avec l'Aberdeen Terrier aujourd'hui disparu) et le West Highland White Terrier (qui, lui, n'est qu'une simple sélection de Cairns blancs). Les cynophiles qui avancent ainsi la théorie selon laquelle le Cairn Terrier est l'un des types originels de Terriers veulent pour preuve que, dans le premier standard du Terrier Ecossais publié en 1880, il est mentionné à la rubrique des couleurs que la plus souhaitable est le roux bringé avec l'extrémité des oreilles et le museau noirs, une couleur typique de l'actuel Cairn. D'ailleurs R. Juteau, spécialiste des chiens de déterrage, indique que le Cairn Terrier doit être considéré "comme la doyenne des variétés de Terriers d'Ecosse et sans doute le type originel".